Rue Paul Bernadot

Qui était ce peintre pour que plus de cinquante ans après sa mort, très exactement en 1967, à la demande d’un conseiller municipal, son souvenir nous soit rappelé par le nom d’une rue ? Paul Bernadot est bien connu des musées Paul Dupuy et des Augustins qui possèdent plusieurs de ses tableaux. Partons à la découverte de ce peintre mort très jeune, il n’avait que 27 ans.

Paul Bernadot est né à Plaisance-du-Touch dans la maison du 3-5 de la rue qui porte son nom. La rue Paul Bernadot part de l’avenue des Pyrénées, juste en face de l’Institut Saint Jean, jusqu’à la rue du 11 novembre et coupe celle du Prat Dessus (le pré d’en haut en occitan). Sa sœur Marie-Louise occupa cette demeure jusque dans les années soixante. Le père de Paul Bernadot, Jean, était vétérinaire, son grand-père, Barthélémy, forgeron à Plaisance-du-Touch.

Bernadot, ou Bernadotte en béarnais, diminutif de Bernard, est un patronyme courant dans le sud de la France. En 1900, il existait à Plaisance trois familles Bernadot, mais, à notre connaissance, sans lien de parenté entre elles. Plusieurs autres Bernadot ont marqué l’histoire de notre ville à la fin du XIXe siècle. L’un d’entre eux fut adjoint au maire et conseiller général du canton de Léguevin ; un autre, prêtre, est devenu vicaire général du diocèse sous le cardinal Mathieu.

Médecin dévoué mais peintre avant tout

Pour satisfaire son père, Paul Bernadot entreprit des études de médecine et, après un internat de 2 ans à l’hôpital de Limoges, il soutient son doctorat en 1912 à Toulouse. Il aurait été ensuite aide-chirurgien à Boulogne sur Mer où, sans doute, il contracta la tuberculose qui l’emportera. Il s’installa alors, peut-être pour se soigner, mais en tant que médecin, dans le Var à Lagarde-Freinet où il décédera de phtisie comme il était dit à l’époque. L’on sait peu de choses de son activité de médecin si ce n’est le dévouement dont il fit preuve vis à vis de ses malades : « au lieu de me mettre au lit, comme la prudence me l’indiquait, j’ai dû continuer à soigner ma clientèle. J’avais à ce moment-là de graves malades que je pouvais difficilement quitter. Le résultat : c’est que j’ai dû m’aliter quelques jours plus tard, et cette fois-là dans un état lamentable. ». 

Nous possédons une copie d’une lettre très émouvante qu’il écrivit peu avant sa mort à son ami Louis Lacroix. Alité depuis « plus d’un mois », il envisage de retourner au sanatorium dont le séjour « lui avait fait tant de bien » pour revenir à Plaisance où il « tâcherait de vendre quelques peintures quand cela ne serait que pour m’acheter des couleurs. Car, la médecine, je crois qu’il faut y renoncer pour très longtemps sinon pour toujours ». Et il conclut : « allons au revoir et pardonnez-moi de vous raconter toutes ces tristes choses ». Il devait mourir peu après cette lettre. Son décès fut enregistré à la mairie de Lagarde Freinet le 13 novembre 1913, mais nous ignorons où il fut inhumé.

Un peintre connu des amateurs avisés et des critiques

Son activité de peintre nous est mieux connue. Il n’avait que 17 ans quand il participe pour la première fois au salon de l’Union Artistique de Toulouse de 1903. Il y sera à nouveau présent en 1904, 1906 et 1908 avec des paysages peints ou dessinés à la plume.

En 1908, il présente 15 peintures et 6 dessins au Télégramme dans une exposition de jeunes artistes enrichie de tableaux de Dufrenoy, Laprade, Marquet, Matisse, Rouault et Van Dongen.

Plusieurs rétrospectives de son œuvre seront organisées après sa mort. D’abord, à la galerie Arbus en 1928, puis en 1934 à la Société des Artistes Méridionaux et enfin en 1947 au Salon des médecins. Enfin 9 tableaux de Paul Bernadot figuraient à l’exposition « 1900 Toulouse et l’art moderne » organisée durant l’hiver 1990/1991 par le musée Paul Dupuy.

Malgré la fidélité de quelques amateurs, pratiquement tous médecins comme lui, Paul Bernadot reste un artiste méconnu du grand public mais non des amateurs avisés et des critiques.

Paul Mesplé, conservateur du musée des Augustins, écrivait en 1942 : « Cette peinture de Bernadot, franche, vigoureuse, volontaire, est d’une étonnante lucidité. Alors que bien des artistes peignent en quelque sorte d’instinct, lui savait où il voulait en venir : Il avait réfléchi sur son art et au lieu d’en tirer des vérités fragmentaires, il avait conçu un tout qui ne laissait aucune place à l’indécision… Il y aurait beaucoup à dire sur un tel artiste. C’est le rôle de ses amis qui s’attachent à tirer de l’ombre cette attachante figure. »

Nous remercions le musée Paul Dupuy qui nous a autorisés à utiliser des renseignements de son catalogue de l’exposition 1900 Toulouse et l’art moderne (3 décembre 1990 – 2 avril 1991).

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