Autour de l’An Mil, la vallée du Touch apparaissait comme un point de contact et d’échange entre le piémont pyrénéen et la moyenne vallée de la Garonne. On sait que cette période correspond à un accroissement démographique dont l’une des conséquences fut la mise en culture des bois et forêts et l’apparition de nouvelles agglomérations. La fondation initiale de notre ville correspond sans doute à cette tendance.
Toujours est-il que la première référence avérée à notre localité provient d’un document de 1164. Le village devait se situer sur la rive gauche du Touch, entre la rivière et le chemin de la Béguère, près de la Grande-Borde.
« L’Ancêtre » de Plaisance-du-Touch s’appelait alors Bonnemaison de Minhac ou Minhac. Les siècles qui suivent voient le village se développer malgré les sanglantes croisades contre les « hérétiques » Cathares, si bien qu’au XIIIe siècle le dernier comte de Toulouse y installe un bayle chargé d’autorités judiciaires et fiscales.
La cité devient une bastide royale dont le cœur s’implante à l’abri des inondations, au-dessus du Touch, sur les axes de circulation Pujaudran – La Salvetat – Cugnaux – Fontenilles – Fonsorbes. Village étape proche de Toulouse, la bastide prend le nom de Plaisance de Minhac, puis simplement de Plaisance qui évoque la ville italienne de Piacenza, sur le Pô.
La construction de l’église St Barthélémy fut précoce puisque les premiers travaux eurent lieu dès le XIVe siècle.
Le patronyme définitif fut adopté en 1891 comme en témoigne un extrait du registre des délibérations « (…) Plaisance du Touch afin d’éviter les erreurs qui se produisent dans l’envoi des lettres qui, la plupart du temps, sont dirigées sur Plaisance du Gers, en fausse direction ».
Un aspect plus méconnu, presque une curiosité, mérite notre attention : il existe quelques sites archéologiques du IIème âge du Fer jusqu’à l’époque gallo-romaine (la Tuque, la Béguère, le Pré Bézinal, rue de la Hille).
Deux ouvrages principalement relatent l’histoire de Plaisance du Touch :
- Plaisance au passé, Christian CAU, directeur des Archives de la ville de Toulouse, 1987.
- Plaisance a un passé, Michel HENRY, Para Graphic, 2002.
L’Hôtel de Ville, rue Maubec, est l’un des plus anciens bâtiments de Plaisance. Il date de la première partie du XVIIIe siècle. Nous le retrouvons sur le compoix de 1733. Il a été acheté en 1841 pour accueillir l’école de garçons, école que la loi Guizot rendait obligatoire pour les communes de plus de 500 habitants.
Les murs de la façade sont recouverts d’un enduit à la chaux qui ne laisse apparaître que les briques des encadrements de fenêtres et de la corniche de l’avant toit. Il faut dire qu’à l’époque la cuisson des briques était mal maîtrisée. Les trois quarts d’entre elles étaient, soit trop, soit pas assez cuites, et il n’en restait que très peu dignes d’être montrées, d’où la parcimonie avec laquelle ces dernières étaient utilisées. On employait des matériaux de second choix pour les murs qui étaient donc recouverts d’un enduit de chaux. Une autre caractéristique de cette façade est le point d’attache des gonds des contrevents : ils sont fixés sur des pierres blanches en calcaire dites « pierres de Carcassonne », plus précisément extraites à Pezens dans l’Aude. Cette technique se retrouvera par la suite sur toutes les façades des belles demeures, à Plaisance comme dans toute la région toulousaine.
Les maisons, en face de l’Église Saint Barthélemy, entre la rue du Prat Dessus et la place de la Libération, datent de la même époque et leurs façades présentent les mêmes caractéristiques : murs recouverts d’un enduit à la chaux, briques apparentes uniquement pour les encadrements de fenêtres et les corniches d’avant-toits, et « pierres de Carcassonne » pour fixer les gonds des contrevents. On a mis à nu les briques de la façade de l’une d’elles : elles sont de moins belle qualité que celles des encadrements de fenêtres, trop cuites, noircies et déformées par la chaleur, quand ce ne sont pas des briques cassées, dénommées à l’époque « riblons ». Ces murs étaient bien destinés à être recouverts d’un enduit de chaux !
Le linteau des fenêtres de ces maisons dessine une belle « anse de panier » ce qui n’est pas le cas rue Maubec. Cela peut laisser supposer que ces maisons sont plus anciennes que l’Hôtel de Ville. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant car nous sommes au cœur de la bastide historique.
D’où provenaient ces briques ? Sans doute des villages voisins car, à cette époque, nous n’avions plus de briqueterie à Plaisance. Une déclaration de nos consuls à l’intendant du Languedoc en 1781 nous le dit : « Enfin pour les manufactures ou fabriques nous n’avons qu’une fabrique d’eau de vie qui ne consomme guère, et le restant du fagot est vendu aux tuileries voisines ». Il y avait eu autrefois une tuilerie à Plaisance mais le compoix de 1733 nous dit qu’à l’époque elle était déjà à l’état de masure. Elle était située sur l’emplacement de l’actuel terrain d’honneur de football et le cadastre désigne aujourd’hui ce quartier sous le nom de « La Tuilerie ».
Dans la seconde partie du XIXe siècle, il y aura deux briqueteries à Plaisance dont le nom d’une rue nous rappelle le souvenir.
Les noms de rue sont souvent la mémoire de nos villes et à Plaisance ils n’échappent pas à cette règle. Certains en racontent l’histoire récente, d’autres celle plus ancienne : quelques-uns sont reportés sur un compoix (cadastre de l’ancien temps) de 1733. Mais ce n’est qu’à la fin des années 1960, début de l’explosion démographique de Plaisance, que dans le cadre du Conseil Municipal la dénomination des rues est faite de façon formelle. Quelques noms anciens ont été conservés, d’autres modernisés.